L'art de l'Artois études sur la tapisserie, la sculpture, l'orfèvrerie, la peinture
Auteurs   LESTOQUOY, Jean (Auteur)
Langue d'édition   français
Thèmes   Régional Haut de France Pays de Weppes
Nombre de réservation(s) actuelle(s) : 0
Réservation
SiteNuméroCoteSection / LocalisationEtat
Escobecques 1592080062157 700 LES AAdulte / Disponible
Résumé : J. Lestocquoy, L'Art et l'Artois, Etudes sur la tapisserie, la sculpture, l'orfèvrerie, la peinture. Arras, Mémoires de la Commission Départementale des Monuments Historiques du Pas-de-Calais, 1973, XV/1, in-8, 164 p., pi. La Commission Départementale des Monuments Historiques du Pas-de- Calais a pris l'heureuse initiative de rassembler en un volume de ses Mémoires une trentaine d'articles que, depuis quarante ans environ, Mgr. Lestocquoy a dispersés dans les revues régionales ou belges. Tous sont consacrés à l'histoire de l'art en Artois ; une liste des travaux de l'auteur sur ce même sujet, mais non réédités ici, a été insérée aux pages 8 et 9 du livre. A l'intérieur de chacune des quatre sections retenues, cette réédition a été faite suivant un ordre logique : le lecteur n'éprouve donc pas une impression de dispersion, au fil des pages, il peut suivre l'évolution des formes artistiques et de leurs rapports avec ce qui se faisait dans les régions avoisinantes. Apparue dès le début du XlVème siècle, la tapisserie prit à Arras le relais de l'industrie du drap entrée en décadence. Son histoire débuta avec la Tenture des saints Piat et Eleuthère et c'est avec Baudouin de Bailleul (1464), l'auteur des cartons de l'histoire de Gédéon livrée en 1453 au duc de Bourgogne, qu'elle attint son apogée. A Arras, on dessinait ; à Tournai, on tissait : ainsi une étroite collaboration existait entre les deux villes ; plusieurs membres de l'atelier d'Arras furent des élèves de Jacques Daret. Dès avant 1456, l'émigration des ouvriers haut- lisseurs avait débuté et ce ne fut donc pas la destruction de la ville en 1477 qui porta le coup d'arrêt à cette industrie d'art ; inversement, on constate que Baudouin de Bailleul eut un successeur en la personne de Jacques Pillet et qu'en 1497 l'église Saint-Géry d'Arras pouvait encore conclure un marché avec le tapissier Jean de Saint Hilaire. Un discours prononcé en 1025 par l'évêquede Cambrai d'Arras Gérard contre les hérétiques prouve que la sculpture n'était pas alors ignorée dans le nord de la France. La disparition des plus grands sanctuaires médiévaux a entrafné celle d'une grande partie de leurs richesses artistiques : il en subsiste encore suffisamment pour que nous puissions apprécier la qualité de ces oeuvres. Récemment, à Auchel, on a découvert un fort beau Christ qui présente une cavité à relique recouverte d'un fragment de bois ; il doit être antérieur à 1250 ; Mgr. Lestocquoy le compare avec raison à celui du rétable de Mareuil-en-Brie. Tout semble indiquer que nous avons conservé les sept anges qui accompagnaient le maftre-autel de la cathédrale d'Arras : l'église de Humbert en possède deux ; la chapelle de Saudemont en a récupéré deux autres, deux ont été exilés au Cloisters Museum de New- York ; le septième, enfin, serait celui du Louvre connu sous le nom de son donateur, M. Sachs. La chapelle de Saint-Amand-les-Pas abrite une excellente Vierge en pierre de la fin du Xlllème siècle ; l'auteur la compare à la Vierge en ivoire du Louvre dite de la Sainte-Chapelle et à la Vierge Dorée d'Amiens. Pour toutes ces oeuvres, l'influence des ateliers parisiens nous paraft incontestable. La Vierge de Saint-Amand mériterait en particulier une étude plus approfondie : peut-être celle-ci permettrait- elle de formuler une hypothèse sur sa destination primitive : on en ignore tout, on ne sait même pas comment elle est parvenue dans cette petite chapelle. De 1450 à 1550, l'Artois importa beaucoup d'oeuvres sculptées réalisées dans des ateliers brabançons. Il serait cependant tout à fait inexact, selon Mgr. Lestocquoy, de considérer que l'abondante production des artistes artésiens, notamment celle des statues isolées, fut simplement le reflet des modèles septentrionaux ; ici et là, on partageait les mêmes idéaux. La comparaison entre les Mises au Tombeau de Saint-Omer et de Soignies est, à cet égard convaincante. Natif du Hainaut, Jacques du Broeucq, dont les oeuvres ne nous sont plus connues que par des débris, a travaillé à Mons et à Saint-Omer. Comme ce nom était de son temps fort courant dans la région artésienne, Mgr. Lestocquoy pense qu'il devait y avoir une parenté et qu'ainsi s'expliqueraient les commandes qu'il y aurait reçues : la Vierge de Fauquembergues, le monument de Mgr. de Croy de Saint-Omer, celui de Philippe de Sainte-Aldegonde qui appartenait à la Chartreuse de Longuenesse ; mais ces commandes ne lui auraient-elles pas été adressées parce que les de Croy étaient d'origine hennuyère, que le père de Mgr. Eustache avait été gouverneur de Saint- Omer ? L'Artois n'a pas produit d'émaux semblables à ceux des pays mosans. Ses orfèvreries exécutées entre 1200 et 1300, comme le Reliquaire de la Sainte Epine d'Arras, la Croix de Clairmarais ou les deux reliquaires gravés de Montreuil, présente avec celles de cette région beaucoup de ressemblances. Tout indique cependant que ce ne sont pas des produits d'importation. Là encore l'explication réside dans le fait que l'Artois appartenait à un ensemble artistique beaucoup plus vaste : d'Arras à Liège ou à Reims, des rapports existaient et les relations commerciales, les alliances matrimoniales ou les confraternités de prières contribuaient à les renforcer. La chasse de sainte-Gertrude à Nivelles fut exécutée par un arrageois, Colard de Douai, il existait dans cette ville une dynastie d'orfèvres de ce nom et elle jouissait de la confiance des comtes d'Artois. C'est à Paris que l'on achetait l'argenterie des joyeuses entrées des ducs de Bourgogne et celle du service liturgique ; après les graves événements de la fin du XVème siècle, c'est à Bruxelles que l'on s'approvisionna. Jacques Daret s'installa au plus tard en 1433 à Arras et il y demeura jusqu'en 1457. Il y a peint le rétable de la Vierge, sa seule oeuvre actuellement connue. La partie centrale de ce rétable était sculptée et elle devait présenter beaucoup de ressemblance avec le relief de Fressin ; les volets peints étaient protégés par des custodes. Il nous était naturellement impossible d'évoquer ici chacun des articles réimprimés dans ce livre. En résumant les conclusions des plus marquants, nous avons surtout voulu souligner l'importance de la contribution de Mgr. Lestocquoy à notre connaissance de l'art et l'Artois. De belles planches enrichissent ce large aperçu de la vitalité de notre art régional au Moyen Age. *Depuis la rédaction de ce compte rendu, les anges d'Humbert ont été victimes d'un vol et ceux de Saudemont ont failli passer en vente publique : on ose espérer que ces derniers pourront être prochainement exposés dans l'un de nos musées régionaux.